La notion de “paysage narratif”

Le texte suivant est issu de la contribution de Claire LHUISSIER intitulée Introduction à l’approche narrative, présentée au premier “colloque des délinquants” (groupe de recherche d’élèves-enseignants en PNL, sous la direction de Bernard BAREL), les 18 et 19 juillet 2015, à Paris.

 

La notion de « paysage narratif » est issue des travaux de Jérôme BRUNER développant le concept d’identité narrative. Michaël WHITE reprend l’idée que notre identité est narrative parce que nous sommes l’histoire qui se raconte sur nous : ce qui donne le sens à la vie d’une personne est la façon dont elle la raconte (sa vie) en faisant du lien entre certaines de ses actions.

Par exemple, lorsqu’on s’intéresse aux personnages de certaines œuvres de fiction, cela permet de donner du sens à notre propre vie. Ainsi, lorsque Robin des Bois parcourt la forêt, escalade une tour, tire une flèche, détrousse un carrosse, émerge ce qu’on appelle le « paysage de l’action » (tel qu’il serait décrit par un gamin de cinq, dans une description très factuelle). Si l’on explique que cela permet au héros de ridiculiser l’autorité, de rétablir l’équilibre entre les riches et les pauvres, on se situe dans le «  paysage de l’intention ».

Le troisième paysage a été inventé par le docteur Julien BETBÈZE : c’est le « paysage des relations ». Par exemple, pour Robin des Bois, il y a Frère Tuck, Belle Marianne, Dame Gertrude, le Prince Jean, le Roi Richard dans son paysage des relations. Chacun contribue – volontairement ou malgré lui – à donner du sens à ses actions selon son point de vue spécifique.

L’identité narrative est donc l’ensemble des trois éléments, des trois paysages : elle se constitue sur la base de nos actions, de nos intentions et de nos relations. Une identité confortable est une identité dans laquelle tout est aligné : j’agis en lien avec mon intention et mes actions sont reconnues (c’est-à-dire appréciées, en positif, ou dépréciées, en négatif).